L’ancien ministère de la Défense va accueillir 254 logements sociaux dans le VIIe arrondissement de Paris
Dans une opération unique en son genre, le nombre de logements sociaux dans le VIIe arrondissement de Paris a augmenté de 30%. Ce secteur de la capitale était jusqu’à présent le moins pourvu en HLM, avec seulement 3% de logements sociaux. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a ainsi réussi un véritable exploit dans cet arrondissement administré par sa rivale, Rachida Dati. L’opération en question concerne l’îlot Saint-Germain, situé à quelques pas de l’Assemblée nationale. L’ancien ministère de la Défense a été transformé en un immeuble de 11 000 m² comprenant 254 logements sociaux, une crèche de 68 berceaux, une salle multisports et un jardin de 550 m².
Une opération financièrement avantageuse
Outre son impact sur le logement social, cette opération se distingue également par son aspect financier. La municipalité de Paris a acquis le site de la rue Saint-Dominique (7e) à un prix bien inférieur à celui du marché dans le VIIe arrondissement. Elle a déboursé seulement 29 millions d’euros, ce qui représente une perte d’environ 57 millions d’euros pour l’État. Malgré les difficultés financières actuelles de celui-ci, le ministre du Logement, Patrice Vergriete, a justifié cette décision en déclarant que le gouvernement soutient la production de logements en mobilisant des terrains publics, même si cela implique des sacrifices financiers importants.
Des décotes financées par les contribuables
Pour réaliser cette opération, Anne Hidalgo s’est appuyée sur un dispositif existant depuis 2013. Il s’agit de la décote «Duflot», du nom de l’ancienne ministre du Logement, Cécile Duflot. Ce dispositif permet à l’État de vendre des terrains ou des immeubles à bas prix pour la construction de logements sociaux. Dans certains cas, la décote peut atteindre 100% de la valeur du bâtiment, ce qui représente des coûts considérables financés par les contribuables français. Dans le but de limiter leur impact financier, l’État a décidé de plafonner cette décote. Ainsi, il peut céder ses terrains jusqu’à 3000 euros par m² en dessous du prix du marché. Dans les zones où les prix de l’immobilier sont plus élevés, cette décote est limitée entre 1000 et 2000 euros par m² en dessous du prix du marché.
Un cas particulier : l’ancien ministère de la Défense
Dans le cas de l’ancien ministère de la Défense, la décote appliquée est bien supérieure à ces plafonds. L’îlot Saint-Germain a ainsi été cédé à un prix légèrement supérieur à 2600 euros par m², soit environ 5,5 fois moins que le prix d’un logement dans la rue Saint-Dominique, qui se négocie autour de 14 700 euros selon Meilleurs Agents. Cette situation a suscité des critiques de la part des forces armées, qui estiment que ces pertes financières pourraient être utilisées pour la rénovation de leurs équipements. Pour apaiser ces tensions, 50 logements sur les 254 HLM seront réservés au personnel militaire.
La mairie de Paris envisage de renouveler ce type d’opérations
La mairie de Paris ne compte pas en rester là et a déjà annoncé son intention de renouveler ce type d’opérations dans les 2e, 4e et 5e arrondissements de la capitale. Dans ces quartiers, les taux de logements sociaux varient entre 6% et 15%. Cependant, Anne Hidalgo se heurte souvent à des obstacles et le premier adjoint de la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, affirme que le gouvernement ne souhaite plus accorder de décotes depuis 2017. Le ministre du Logement, Patrice Vergriete, explique de son côté que dans certains cas, la décote plafonnée à 3000 euros par m² ne suffit pas et que des discussions sont en cours avec le ministère des Finances pour équilibrer les opérations, notamment dans les zones où les prix de l’immobilier sont particulièrement tendus, afin de ne pas fragiliser les finances publiques.