Logements vacants à Paris : réalité et nuances
Une étude récente de L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) révèle un chiffre inquiétant : 262 000 logements inoccupés à Paris, soit 19% du parc immobilier de la capitale. Cette nouvelle a suscité des réactions vives chez les acteurs politiques et les spécialistes du secteur, mettant en lumière les enjeux liés à la vacance des logements dans une ville aussi attractive que Paris. Cependant, une analyse plus approfondie révèle une réalité plus complexe, nécessitant une approche nuancée.
Les différents types de vacances
À première vue, ces chiffres laissent penser qu’il existe un vivier important de logements disponibles, sur lequel il serait possible de s’appuyer pour répondre à la crise du logement. Cependant, une analyse plus fine démontre que la situation est bien plus complexe. En effet, sur les 262 000 logements prétendument inoccupés, selon Jacques Baudrier, adjoint au Logement, seuls 100 000 seraient véritablement mobilisables, et encore, cette estimation est optimiste.
En réalité, une partie importante de ces logements vacants relève de la vacance « frictionnelle », englobant les périodes de changements de propriétaires, de locataires, de travaux, etc. La vacance « structurelle », quant à elle, concerne les logements vides depuis deux ans ou plus, représentant environ 2% du parc immobilier, soit environ 30 000 logements. Cette distinction permet de mieux cerner les enjeux liés à la vacance des logements et de définir des actions adaptées.
Par ailleurs, l’étude inclut dans la catégorie des logements inoccupés les résidences secondaires et les logements occasionnels, en se basant sur la définition de l’Insee. Cette approche soulève des questions, notamment sur la porosité des frontières entre ces différentes catégories de logements. Il est difficile d’affirmer que l’intégralité des 134 000 résidences secondaires à Paris sont réellement « inoccupées ».
42,5% des propriétaires de résidences secondaires sont Franciliens
La part des résidences secondaires a fortement progressé ces dernières années, passant de 5,7% en 1999 à 9,6% en 2020. Ce phénomène est attribué en partie à l’essor d’Airbnb, avec environ 25 000 logements illégaux recensés à Paris. Cette croissance des résidences secondaires soulève des interrogations sur leur réelle utilisation, d’autant plus que 40% des logements appartenant à des particuliers à Paris sont possédés par des multipropriétaires disposant d’au moins cinq logements en France.
En outre, Jacques Baudrier estime à une fourchette de 40 000 à 50 000 le nombre de résidences secondaires et occasionnelles pratiquement laissées à l’abandon. Cette situation soulève des problématiques complexes, mais également des opportunités d’actions concrètes pour optimiser l’utilisation de ces logements.
Réalité complexe et nuances nécessaires
Il est indéniable que la vacance des logements à Paris constitue un enjeu majeur, mais il est crucial d’adopter une approche nuancée pour appréhender cette réalité complexe. L’analyse des chiffres révèle une diversité de situations, des logements vacants frictionnels aux résidences secondaires, nécessitant une compréhension fine pour développer des stratégies efficaces.
En définitive, il est nécessaire d’affiner la compréhension de la vacance des logements à Paris pour identifier ceux qui sont réellement inoccupés ou sous-utilisés. Cette approche permettrait de définir des mesures précises pour récupérer les logements mobilisables et d’optimiser l’utilisation des ressources morale.